Des maths (mais pas seulement) pour mes élèves (et les autres).

mardi 15 mars 2016

André le non écolier


Sur le blog La liseuse, un post présente un ouvrage d'André Stern, "... Et je ne suis jamais allé à l'école", publié chez Acte Sud. Je crois que je vais aller me l'acheter : l'article a éveillé ma curiosité.

Adeline, l'auteur de l'article du blog, explique qu'André Stern, fils d'un pédagogue-anthropologue connu, raconte sa belle enfance, loin de l'école (il n'y est en effet jamais allé), mais aussi sans instruction scolaire à la maison. "Chez lui, on apprenait au gré des rencontres, au hasard d’une envie, d’un livre ouvert, d’une passion soudaine. Aucune contrainte. Aucune. "

C'est l'histoire d'une famille, d'un enfant libres. Et cet enfant découvre le monde, la culture, la lecture, la musique, etc., par capillarité culturelle, dans un milieu cultivé et où la curiosité est un mouvement naturel.

J'aime bien cette idée, et j'y crois : je pense que dans un environnement aimant, qui donne la confiance, la sécurité affective, et qui propose des opportunités, l'individu est capable d'aller lui-même vers le monde. Mais là, c'est bien le milieu familial qui est déterminant, et les rencontres.

Adeline écrit : "Je conseille vivement cette lecture à tous ceux qui s’interrogent sur la construction de l’enfant ou sur le système scolaire. Je vais le rendre à contre-cœur et l’achèterai sûrement pour le conserver dans ma bibliothèque." Je ne vous connais pas, Adeline, mais je vais faire de même.

Un extrait sur les mathématiques :

« S’il est vrai que les mathématiques avancées nécessitent un apprentissage spécifique, la sensation mathématique, elle, s’installe toute seule. En ce qui me concerne, comme je l’ai décrit précédemment, toutes les notions d’addition, de multiplication et de division me sont devenues familières par la manipulation et la combinaison des plots sur les briques Lego. Cependant, j’avais abordé le calcul bien avant, d’une manière complètement personnelle; les faits sont rapportés par mes parents, je n’en ai aucun souvenir, ils sont très caractéristiques. Assis à table, vers 4 ans, je regardai mes deux mains et dit: « 5 est la moitié de 10. » Fermant les pouces, je poursuivis mon observation : « 4 est la moitié de 8. » Continuant à replier des doigts, symétriquement, je terminai mon décompte : « 3 est la moitié de 6 … 2 est la moitié de 4 … 1 est la moitié de 2. » Il est particulièrement intéressant de noter que j’ai abordé le calcul par la division. L′école n’offre qu’une seule première approche : l’addition, imposée à des millions d’enfants, pourtant chacun potentiellement détenteur d’une logique différente. Pendant quelques années, j’ai glané, incidemment, par les moyens les plus anodins, une grande quantité d’outils mathématiques de base : une phrase, entendue au détour d’une conversation (« 5x5 = 25 »), des observations personnelles (le nombre 80 contient vraiment quatre 20, « 20 % » dit de lui-même « 10 pour 50 » donc « 1 pour 5 », il reste toujours 2 œufs dans la boîte de 6 lorsque maman en cuisine 4 … ), des situations du quotidien (la monnaie rendue par les commerçants, un de mes gros centres d’intérêt !), de petites astuces fournies par l’entourage (utiliser 10 et faire une soustraction pour les multiplications par 8 ou 9 … ), etc. Avec les années, mon besoin de maîtriser certaines notions mathématiques s’est précisé. Je voyais souvent maman faire des additions sur une feuille de papier. A ma demande, elle m’expliqua comment elle procédait. Le jeu me plut énormément et je tins, pendant quelque temps, à additionner tout ce qu’il était possible d’additionner. Par exemple les prix des articles pendant les courses, quitte à retarder un peu le passage en caisse … Maman me montra également comment elle faisait les soustractions et les multiplications. Mais ces jeux-là, pour lesquels je ne trou vais aucune application pratique dans mon quotidien, ne me plurent pas, et je les laissai de côté. Plus tard, j’assimilai, sur le terrain, les calculs géométriques nécessaires à la dinanderie, puis les opérations mathématiques permettant de maîtriser certaines lois d’optique pour la photographie. Mon intérêt pour l’algèbre, apparu un peu plus tard, était apparenté à mon jeu incessant avec la mécanique, les outils et l’informatique. Mes deux professeurs, cités plus haut, mon oncle et un ami anglais, ont très vite constaté que je buvais comme du petit lait les exemples rapportés à des situations et des utilités de mon quotidien. »

Bien sûr des questions viennent à l'esprit : et la socialisation ? Et la socialisation avec les pairs ? Et les "mathématiques avancées", quand commencent-elles ?

Je lis, et je vous dis ce que j'en pense et ce que j'en retiens.

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